Séance de rattrapage pour ceux qui se serait passé d’un classique. Si vous cherchez un film pour des gens qui n’ont pas trop l’habitude de se faire peur devant leur télé et que vous ne voulez pas pour autant leur servir un fond de tiroir débile, j’aimerais que vous n’oubliez pas le bon vieux Alien, qui a toujours du mal à prendre de vrais rides.
Réalisateur : Ridley Scott
Cast : Sigourney Weaver, Ian Holm, Tom Skerritt…
En 1977, Hollywood venait de convertir d’un seul coup monsieur tout le monde à la science-fiction, grâce à une histoire aux relents arthuriens mêlant des chevaliers, des princesses à sauver, des robots, des vaisseaux spatiaux et des combats au néon. La suite, arlésienne de la grandiloquence mystico spatiale, devait être l’adaptation de Dune par Jodoroski, qui ne verra jamais le jour. L’envie de surfer tout de même sur la vague interstellaire décidera alors Hollywood à donner sa chance à un autre projet, impliquant plusieurs artisans du Dune avorté. Si l’espace des Jedi faisait rêver, celui d’Alien compte bien vous ramener à l’état de simple petit humain face à l’infini. En ce temps-là , on savait viser large dans le cinéma américain. Quand on s’était mis en tête de foutre la trouille à tout le monde, on s’y prenait avec sérieux, on se réappropriait les codes de la série B ou du film de genre pour en faire quelque chose de fouillé. Aujourd’hui encore, Alien reste pour moi un classique incontournable.
La première moitié du film a quelque chose de lovecraftien. On y découvre les 7 passagers du vaisseau commercial le Nostromo, de retour d’une lointaine mission indéfinie, au réveil de leur sommeil artificiel contrôlé par Maman, l’ordinateur de bord. Ils découvrent pourtant que la Terre est encore loin et que Maman les a réveillé parce qu’elle capte un message audio d’origine inconnu qui se répète. Leurs appels encore relativement serins vers la Terre partent dans l’espace vide et glacé, d’où le spectateur comprend qu’on ne leur répondra jamais. Leur solitude, sans être évoquée, s’installe déjà . Un rappel d’une close à la con de leur contrat les obligeant à se renseigner en cas de contact avec une forme de vie inconnue, et les voilà forcés d’atterrir sur cette caillasse de l’espace sans intérêt, d’où provient pourtant le message.
Un moment, les humains cartésiens seront les explorateurs aliens d’un monde ancien et mort qui les dépasse, qu’ils ne peuvent qu’observer sans tout comprendre. Leur retour vers le Nostromo sera précipité par une petite bête parasite bien vivante, accroché au malheureux Kane. Voilà que l’inconnu se débrouille ainsi pour entrer dans leur propre vaisseau, d’où les hommes continueront à l’étudier, allant de surprise en surprise, mais déjà bien incapable d’agir sur quoi que ce soit. Jusqu’à la fameuse scène du repas, à peu près le seul moment visuellement gore du film, qui nous file un vilain coup avant d’attaquer la seconde partie.
Bien qu’hébété, l’équipage tente de garder la tête froide et s’organise pour foutre dehors sans procès leur squatteur alien. Bien entendu le rapport chasseur/chassé s’inversera petit à petit…
Alien n’aurait pu être qu’un vulgaire slasher dans un vaisseau spatial, mais avec cette première partie, ses personnages crédibles et son antagoniste si original, on n’y voit que du feu, Ou presque. On aura quand-même droit à un gros débile qui fait un groupe de 1 (CF. le sketch les films d’horreurs de Bigard) en miaulant pour attirer le chat, ou à un passage en tenue très décontracté pour le principal personnage féminin avant son duel avec la bête. Quoique, sur ce dernier point, la nature du monstre en question et sa symbolique peut à mon avis justifier la mise en avant, un peu complaisante, de la féminité de sa prochaine cible.
L’Alien, parlons-en, même si justement le film n’en parle qu’avec parcimonie. Rapidement après sa découverte, l’équipage semble tomber tacitement d’accord pour dire que la seule chose à étudier à son sujet, c’est comment le tuer. Le comportement soi-disant scientifique de Ash n’intéresse réellement personne et Replay y voit même immédiatement une attitude un peu malsaine. On ne peut décemment s’intéresser à cette chose que pour apprendre à lui faire face. Encore une fois, on retrouve quelque chose de Lovecraft dans cette façon de penser. Il faut dire que la bestiole n’attire vraiment pas la curiosité. On est habitué à voir les petits humains rejetés au bas de la chaîne alimentaire dans les films de monstre, repassés à l’état de quatre heures pour des créatures plus voraces qu’eux. Mais là , la promesse est de servir d’hôte pour la reproduction d’une espèce qui, donc, entre dans la catégorie des parasitoïde. Bien sûr, l’Alien ne se contente pas d’appartenir à cette catégorie dégueulasse du règne animal, on lui a intégré toute sorte d’autres caractéristiques tout aussi ragoutantes.
Cependant, Alien n’est pas un film de monstre qui se focalise sur sa créature, il la cache habilement dès que les présentations sont faites. Ce qu’on a à observer, c’est comment un groupe de gens complémentaires, compétents, confiants, perdent petit à petit tout contrôle sur leur environnement, et sont déconstruits pas à pas, couche par couche. Ils sont d’ailleurs déjà totalement soumis à Maman dès le début. Leur humanité, ils ont déjà commencés à la céder à la Compagnie avant le film, sans le savoir. Puis c’est l’espace qui ne répond plus, la planète voisine qui devient dangereuse, puis le vaisseau, etc. Et finalement, qu’est-ce qui peut tenir tête à cette espèce de cochonnerie phallocrate d’une autre planète ? Hein ?
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