Sortie en 2006 et réédité en 2013, Fun Home est l'histoire d'Alison Bechdel qui nous plonge dans les abysses de sa vie de famille, et notamment de sa relation avec son père. Le titre Fun Home est traître. Car non, Fun ne veut pas sous-entendre que l'on va s'amuser comme des petits fous. Fun Home est là en raccourcis pour Funeral Home, c'est à dire les maisons funéraires. Si vous avez vu la série Six Feet Under, vous voyez de quoi je parle. Ou plutôt de quoi Alison va parler. Comment grandir et se développer dans un tel environnement par exemple. Mais ce n'est pas exactement le sujet, car c'est de la relation avec son père dont il va s'agir.
Auteur : Alison Bechdel
Edition : Denoël Graphic
Je ne sais pas vraiment comment aborder cette chronique tellement Fun Home m’a laissé hébété. Peut-être que je devrai tout faire à l’envers. Et donc, lorsque j’ai lu les dernières cases et tourné les dernières pages, j’ai refermé le bouquin, l’ai posé à côté de moi, et je ne savais absolument pas quoi en penser. Impossible de savoir si j’avais aimé, ou détesté. Je suis resté plusieurs minutes à me demander pourquoi. Et je n’ai finalement pas trouvé de réponse. Je l’ai alors fait lire à deux amies en leur disant ce que vous venez de lire. C’était un coup à jouer. Et vous allez voir que le résultat est tout aussi déconcertant : l’une a adoré, me disant qu’elle avait voyagé psychologiquement. L’autre l’a trouvé sans intérêt, me disant qu’elle en avait chié pour arriver à cette put… de dernière page. Il s’est donc passé-là exactement ce qu’il s’était passé dans ma tête. Certains passages m’ont fait jubiler, alors que d’autres ont dû profondément m’ennuyer. Malgré ça, je suis toujours incapable de me faire un avis sur ce bouquin. Mais finalement, pourquoi insister ? J’ai donc laissé tomber, en me disant que je le relirai sûrement, en voyant ça plus comme une expérience littéraire de l’étrange.
Bon ok, ça sonne plutôt comme une conclusion tout ça, mais je vous avais prévenu. Cette chronique sera un foutoir, tout comme sont un foutoir mes idées sur Fun Home. La famille se retrouve donc a hériter de cette maison funéraire, où la vie est assez solitaire pour chacun de ses membres. Les dessins d’Alison Bechdel montrent une maison toujours remplies de livres dans des étagères ou empilés par terre. Le père est professeur d’anglais un peu frustré, lui qui rêvait d’être un grand universitaire. Malgré ça, il est passionné par les arts de la décoration et le bricolage. Il dirige aussi le salon funéraire. C’est une personne très froide, éloignée, et qui force une distance émotionnelle avec les autres membres de la famille, qui sont la mère et le frère d’Alison. Le père est aussi torturé par son homosexualité dissimulée. Ils sont tous plutôt artistes, chacun dans sa spécificité. Et tout va tourner sur la relation entre elle et son père, avec toutes ces choses invisibles qu’il peut y avoir entre eux. Elle va souvent faire des références à James Joyce et l’histoire d’Ulysse, mettant en parallèle sa famille et les personnages de cette mythologie.
Et puis on va surtout suivre le développement de chacun dans cet univers. L’homosexualité sera souvent au centre des réflexions, que ce soit celle du père ou celle d’Alison. Et puis elle quittera la maison pour ses études de lettre. On pourrait se dire qu’elle suivra les traces de son père. Puis des flashbacks nous feront revenir sur certaines scènes pour en apprendre plus. L’ensemble est très axé sur l’analyse, sur la psychologie, et l’histoire va au-delà de la mort de son père qui sera l’occasion pour elle de revenir après son départ pour ses études. Et moi je ne sais plus comment continuer de vous parler de Fun Home tant je sens que quand je vais me relire, je vais trouver cette page impossible à lire (je confirme, signé le moi du futur). Mais j’ai par contre trouvé comment terminer : avec une citation d’un des passages qui m’a fait relever les yeux pendant quelques minutes pour penser aux mots que je venais de lire. On et dans la maison, le père arrive deux heures après le diner, une petite dispute avec la mère éclate, chaque enfant est dans sa chambre et Alison nous dit :
"D’ailleurs, si notre famille était une colonie d’artistes, ne pouvait-on plus justement encore la qualifier de colonie légèrement autiste ? Nous n’avions que nos moi."
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